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Page:Francisque-Michel - Histoire des races maudites, tome I.djvu/52

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« On voit aussi dans ces cantons quelques Caqueux, Cacouax, espèce de Parias, proscrits, qui vivent dans les landes, éloignés des habitations, sans qu’on communique avec eux : on les croyoit, au quinzième siècle, juifs d’origine, séparés par la lèpre des autres hommes. Ils font des cordes pour subsister… Ces hommes, séparés des hommes, furent l’objet de mille contes extravagans : ils vendoient des sachets qui préservoient de tous les maux, jettoient de mauvais vents, donnoient des herbes dont la vertu faisoit vaincre à la lutte, à la course ; ils vous prédisoient l’avenir. On dit que le Vendredi-Saint, tous les Caqueux versent du sang par le nombril. Ces malheureux profitèrent sans doute de la stupidité, de la crédulité de leurs voisins. Beaucoup parvinrent à défricher des landes, à cultiver des champs abandonnés, qu’ils fécondèrent : ils plantèrent des bois, des prairies ; on voit sur le chemin de Plaçamen un fort joli village de Caqueux. Le préjugé n’est plus aussi fort qu’il l’étoit autrefois ; mais on ne s’allie point encore à leur famille. »

Comme on le voit, Cambry n’ose pas se hasarder à émettre une opinion sur l’origine des Caqueux. L’académicien espagnol Traggia, qui, quelques années après, écrivait un article sur les Agots de la Navarre[1], se montre tout aussi réservé ; il évite de se prononcer sur la question de race, et se borne à exposer leur état misérable et à rapporter qu’on les

    1795. À Paris, de l’Imprimerie-Librairie du Cercle-Social. an vii de la République Française, in-8 ; t. iii, pag. 146,147.

  1. Diccionario geográfico-histórico de España por la real Academia de la Historia. Seccion i… Madrid mdcccii. en la imprenta de la viuda de D. Joaquin Ibarra, deux volumes in-4 ; tom. Ier, pag. 8, 9.

    Le Magasin Pittoresque, qui, en 1838, avait donné un article aussi inexact qu’insignifiant sur les Cagots, consacra, dans un autre de ses cahiers, une demi-colonne aux Agotes de la Navarre. Il n’est pas difficile d’y reconnaître une traduction libre de l’article de Traggia. Voyez ce Magasin, sixième année, pag. 35, col. 1 ; et neuvième année (1841), pag. 295, col. 2.