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regardait communément comme issus des Albigeois réfugiés et disséminés sur les frontières des Pyrénées vers 1215 : opinion qui lui paraît aussi contestable que l’étymologie généralement assignée au nom des Agots.

Au temps où écrivait Traggia, c’est-à-dire au commencement du XIXe siècle, personne n’avait encore fait des Races maudites le sujet d’un ouvrage spécial. En 1810, le comte Henri Grégoire lut, à l’institut, des Recherches sur les Oiseliers, les Coliberts, les Cagous, les Gahets, les Cagots et autres classes d’hommes avilies par l’opinion publique et par les lois dans diverses contrées de la France[1]. Ces recherches sont restées inédites en français ; mais, s’il faut en croire M. Quérard[2], elles auraient été traduites en allemand par le baron de Lindenau, et imprimées. Il y a, d’ailleurs, un extrait du mémoire de l’ancien évêque de Blois dans le rapport sur les travaux de la classe d’histoire et de littérature ancienne de l’institut fait par Ginguené, l’un de ses membres, dans sa séance publique, le jeudi 5 juillet 1810, et imprimé dans le Magasin encyclopédique de la même, année, tom. iv, no  d’août, pag. 251-257. Grégoire ne donne, sur les parias français, que des détails déjà connus, rapportant (ce que je n’ai jamais lu ailleurs) que « leurs femmes, pour la plupart, s’occupent à tisser des toiles. » Après s’être attaché à réfuter surtout Ramond, l’ex-évêque, ou plutôt son abréviateur Ginguené, termine ainsi : « De quelque part et à quelque époque que la lèpre fût venue en France et en Europe, il paroît que les Cagots, comme les Cacous étoient lépreux, que la lèpre s’est perpétuée plus longtemps et avec plus d’obs-

  1. Le manuscrit de Grégoire, dont nous devons la communication à l’obligeance de M. H. Carnot, membre de la Chambre des Députés, son exécuteur testamentaire, forme un cahier in-4, de 67 pages.
  2. La France littéraire, t. iii, pag. 465, col. 1. Quelques recherches que nous ayons faites, M. Ferdinand Wolf et moi, en France et en Allemagne, nous n’avons pu trouver cette traduction du baron de Lindenau.