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Page:Francisque-Michel - Histoire des races maudites, tome I.djvu/54

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tination que partout ailleurs, ce qui a autorisé plus longtemps aussi les mesures rigoureuses exercées contre ceux qui en étaient atteints, et les préjugés populaires qui ajoutaient aux rigueurs de ces mesures… Mais enfin la maladie qui avoit servi à ces distinctions avilissantes ayant disparu, le sang des Gahets ayant été reconnu aussi pur que celui des autres hommes, ils sont rentrés dans le sein de la société, » etc.

À la même époque (en 1801, si je ne me trompe), un médecin béarnais, touché de l’état de réprobation dans lequel vivaient encore les Cagots, entreprit d’ouvrir les yeux de ses compatriotes sur l’absurdité et l’injustice du préjugé auquel ils obéissaient en aveugles. Dans ce but, il publia une petite brochure qui fut sans doute tirée à grand nombre et distribuée dans le pays, mais dont nous n’avons pu, après des peines infinies, découvrir qu’un seul exemplaire, appartenant au petit-fils de l’auteur[1]. Il ne s’y trouve rien de bien intéressant ; cependant, eu égard à la rareté de cette pièce, nous en parlerons avec quelques détails. Elle est divisée en cinq chapitres, dont le premier, sans titre, nous introduit dans un village situé au pied des Pyrénées, où l’auteur voit passer le convoi d’un jeune homme tué en duel. Il interroge un vieillard qui assistait à cette lugubre cérémonie ; celui-ci le conduit dans sa rustique demeure, où ne tardent pas à arriver le curé, le médecin et l’instituteur du village. Dans le chap. ii, intitulé Combat de Léandre et Isidore[2], le vieillard raconte comment Léandre, sur le point d’épouser Hortense, se vit repousser par Melidor, père de la jeune fille, quand un rival, Isidore, lui eut

  1. En voici le titre et la description : Préjugé vaincu, ou Dissertation sur la Ladrerie, par Minvielle d’Accous. Une feuille in-8, signée A, et dont la dernière page, chiffrée 16, se termine par la souscription suivante ; À PAU, Chez Daumon, Imprimeur de la Préfecture.
  2. Pages 2-5.