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Page:Francisque-Michel - Histoire des races maudites, tome I.djvu/55

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appris que son futur gendre était issu de la race des Cagots ; et comment cette révélation amena entre les deux jeunes gens un combat au bâton dans lequel succombe Isidore. Le chapitre iii est intitulé Origine et progrès de l’opinion sur les Ladres ou Cagots, et s’étend de la page 5 à la page 10. M. le curé y prend la parole : « Il y a quarante ans, dit ce vénérable pasteur, que le ciel confia cette paroisse à mes soins. À mon avènement à cette place, la prévention contre les Cagots y était profondément établie. Ceux qui s’honoraient de ne pas être de cette race proscrite évitaient avec soin toute alliance avec eux. Ils ne leur conféraient jamais de charges publiques. L’on remarquait un quartier qui n’était habité que par les prétendus Ladres, et cette distinction s’étendait jusqu’à la maison du Seigneur, où il y avait un bénitier et des places à part. L’on ne cessait de me dire, lorsque je voulais prendre leur défense, qu’ils avaient les oreilles courtes, qu’ils répandaient une odeur désagréable, et qu’ils étaient fort enclins à la lubricité et à la colère. Voilà tout ce que l’on avait à leur imputer. Je voulus donc examiner la chose de plus près, et je commençâ mes recherches par la contemplation de ces gens-là. Mais je n’ai pu découvrir la moindre différence, ni dans leurs corps, ni dans leurs mœurs, ni dans leurs consciences. J’ai fait l’examen de fort près ; car j’ai eu maintes fois des domestiques de cette classe. La défunte Jeanne, qui a été, comme vous savez tous, ma gouvernante pendant trente ans, ne sentait pas mauvais. Elle était douce comme un agneau, Dieu lui ait fait miséricorde. » Le curé retrace ensuite l’histoire de la lèpre depuis le commencement du monde jusqu’au règne de Louis XIV. Le chapitre iv, qui va de la page 10 à la page 12, porte pour titre : Description de la Ladrerie. Le médecin y parle et dit, entre autres choses : « Je me contenterai de vous observer que j’ai poussé mes recherches sur les Ladres aussi loin qu’il