Page:Francisque-Michel - Histoire des races maudites, tome I.djvu/56

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m’a été possible. L’on ne saurait résister à l’évidence qui résulte de mes observations.

« Les symptômes qui dénotent la lèpre ne se manifestent dans ces régions tempérées, sur aucun individu de quel état ou condition qu’il soit ; et aucune des causes qui la produit, soit par génération, soit par contagion, n’y existe point. Or, où il n’y a pas de cause, il ne peut y avoir des effets. L’ouverture des cadavres est d’une grande utilité pour découvrir la cause des maladies. Je l’ai faite sur celui d’un prétendu ladre, avec toutes les précautions nécessaires pour en retirer un fruit avantageux. J’ai observé avec soin toutes les parties qui composent le corps, je n’y ai trouvé ni taches, ni levain, ni le plus faible indice capable de faire soupçonner la possibilité de la maladie. C’est donc outrager la nature de proscrire dans l’opinion publique, après plusieurs siècles, les vrais ou prétendus descendants de nos concitoyens qui furent sujets à une maladie passagère. » Dans le chapitre v, qui s’étend de la page 12 à la page 16, et qui est intitulé Récapitulations et conclusions, Minvielle fait, dès les premiers mots, connaître d’une manière encore plus explicite dans quel but il a composé sa brochure : « Forcé (dit-il) de quitter mes hôtes aux approches de la nuit, je me proposâ de mettre dans leur ordre naturel les documents que je venez de recueillir. Je les donne actuellement au public dans toute leur simplicité. Ils sont principalement destinés pour les habitants du département des Basses-Pyrénées, dans lequel il paraît végéter avec plus de force, et préoccuper l’esprit des citadins comme celui des campagnards. » Le Préjugé vaincu se termine par une double allocution que l’auteur adresse aux généreux habitants des Pyrénées, et aux prétendus ladres. Si cet appel fut entendu, ce ne fut sans doute que par les habitants des villes, chez lesquels les progrès incessants de la civilisation devaient