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bientôt amener l’abolition du préjugé combattu par Minvielle ; quant aux gens de la campagne, illettrés pour la plupart, et, d’ailleurs, fort opiniâtres dans leurs idées, ils ne firent aucune attention au factum que nous venons d’analyser. En tous les cas, sa nullité sous le double rapport du fond et de la forme l’a justement condamné à l’oubli et à la destruction qui en a été la suite. Mais continuons à passer en revue les auteurs qui ont parlé des races dont nous nous sommes fait l’historien.

Millin consacre quatre pages du cent-vingt-septième chapitre de son Voyage dans les départements du Midi de la France, aux Cagots des Pyrénées et aux Gahets de la Guienne ; il cite Oihenart, F. de Belle-Forest, Paul Merula, Court de Gebelin, Pierre de Marca, l’abbé Venuti, Ramond, et conclut ainsi : « Il ne me paroît pas possible de décider aujourd’hui quelle calamité, quelle défaite, quelle dispersion, ont pu conduire une race d’hommes à un tel degré de misère et d’avilissement : mais je pencherois davantage pour l’opinion qu’ils doivent aux Goths leur origine ; et l’étymologie recueillie par Pierre de Marca ne me paroît pas autant à dédaigner qu’on l’a pensé[1]. »

Comme on le voit, au lieu de s’éclaircir, le problème relatif à l’origine des Cagots s’obscurcissait de plus en plus. On pouvait espérer trouver, sinon une solution, au moins des observations nouvelles dans le troisième volume du Dictionnaire des Sciences médicales, qui parut en 1812 ; mais l’article que M. Virey leur a consacré n’apprend rien de nouveau, il ne fait que répéter les faits et les opinions mis en circulation par Court de Gebelin, F. de Belle-Forest, Ramond et P. de Marca, qui sont inexactement cités dans ce morceau. L’écrivain conclut de la manière suivante : « Il reste présu-

  1. Tome IV. seconde partie. À Paris, de l’imprimerie Impériale, m.dccc.xi. in-8 ; pag. 518-522.