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Page:Francisque-Michel - Histoire des races maudites, tome I.djvu/59

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et cette conjecture paraît d’autant plus fondée, que les goitreux des vallées dont j’ai parlé sont encore sans propriété, et presque tous bûcherons ou charpentiers. » Dralet ne doute pas que ce ne soit à des circonstances semblables à celles sous l’empire desquelles se sont formées ces races de crétins appelées aussi dans les Alpes et dans les Pyrénées Caffos, en Auvergne Marrons, que les Cacous ou Caqueux de la Bretagne et les Colibets de l’Aunis et de La Rochelle doivent leur origine. Il fait le tableau des précautions prises anciennement pour empêcher tout contact entre les Cagots et le reste du peuple ; mais, fidèle à son système, il prétend que c’était dans le but d’arrêter les ravages du goitre. L’auteur termine par des réflexions philanthropiques auxquelles nous nous associons de grand cœur, et en exprimant le souhait qu’il se forme une société de bienfaisance occupée, aux pieds des montagnes, de rechercher la vraie nature du crétinisme, etc., et de faire, entre autres choses, l’histoire des événements relatifs aux malheureux qui en sont atteints[1].

C’est là, si je ne me trompe, la tâche que je me suis appliqué à remplir, en tant qu’elle rentrait dans mes études. Avant de quitter Dralet, il me semble convenable de rapporter une note que je lis, tome Ier, p. 193, de son livre. La voici : « Il y a encore d’anciennes églises dans le voisinage des Pyrénées, où l’on remarque une porte qui était autrefois à l’usage des Crétins. Cependant on ne voit plus de goitres dans les communes où se trouvent ces églises. Il résulte évidemment de ce fait que le mal a disparu à mesure que les malades se sont éloignés de son foyer, et que leur genre de vie s’est amélioré. » Si maintenant il m’est permis d’émettre mon avis, je crois pouvoir tirer de ce fait (et je n’ai aucune raison pour le rejeter) une conclusion différente,

  1. Ibidem, p. 181-192.