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Page:Francisque-Michel - Histoire des races maudites, tome I.djvu/6

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la permission de faire observer qu’un pareil voyage, entrepris sans recommandations, sans nul secours du Ministère[1] dont je dépends en qualité de professeur de faculté et de membre du Comité des Monuments écrits de l’histoire de France, n’était pas sans danger, surtout dans les conjonctures difficiles où l’Espagne se trouvait alors. Je me hâte d’ajouter que le seul désagrément réel que j’aie éprouvé est d’avoir été pris pour un Cagot par des gens du pays, qui me voyaient les cheveux blonds et les yeux bleus, et qui ne pouvaient expliquer que par la parenté l’insistance que je mettais à m’enquérir des mœurs de cette race. Il me fût arrivé bien pis si j’eusse tenté d’obtenir ces renseignements des Agots eux-mêmes. Aujourd’hui, comme dans le siècle passé, on voit d’un fort mauvais œil les étrangers converser avec ces malheureux[2].

Maintenant que j’ai fait l’histoire de mon travail, il ne me reste plus qu’à signaler à la reconnaissance des savants les personnes dont le concours désintéressé m’a permis d’accomplir ma tâche. En tête de toutes je dois placer M. Boucley, recteur de l’académie de Pau, et Don Francisco Javier Sanz y Lopez, chanoine de la cathédrale de Pampelune. Quelque chaleur que je

  1. Ces faits se rapportent à l’année 1844.
  2. « La prevencion que hacen en Baztan á un forastero viendole hablar con un Agóte : No le hable Vm. que aquí parece mal, nadie trata con esa gente. » Apologia por los Agotes, por D. Miguel de Lardizabal, pag. 75.