Page:Francisque-Michel - Histoire des races maudites, tome II.djvu/3

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Gebelin s’est borné à répéter[1], et l’ancien évêque de Blois, Grégoire, en avait fait l’objet d’une partie du mémoire dont Ginguené nous a donné l’analyse ; mais aucun de ces auteurs n’aborde le sujet d’une manière aussi franche et aussi complète que le savant auquel nous empruntons le passage suivant :

« Il existe encore dans cette… partie du territoire, connu sous le nom de Marais, une certaine classe d’individus très-peu nombreuse, appelée Collibert, Cagot, etc., dont le domicile habituel, ainsi que celui de toute leur famille, est dans des bateaux. D’où provient cette population exiguë, presque sauvage ? Elle descend évidemment de ces anciens et mêmes Colliberts, assez nombreux autrefois dans le Bas-Poitou. Il en est fréquemment fait mention dans les anciennes chartes ; et dans les onzième et douzième siècles, on gratifiait les abbayes et autres établissements religieux, de ces Colliberts et même de leur famille. Ils n’étaient chargés que du soin de la pêche, et de fournir le poisson nécessaire pour la table des monastères auxquels ils appartenaient. Mais quelle fut la souche primitive de ces Colliberts, trop peu connus ?… Pierre de Maillezais, qui passa une partie de sa vie dans le voisinage des Colliberts du Bas-Poitou qui survécurent la destruction de leur peuplade, nous apprend qu’ils cherchaient également leur nourriture dans les produits de la pêche, à laquelle ils se livraient sur la rivière de la Sèvre-Niortaise, à l’extrémité de l’île de Maillezais, où ils avaient élevé quelques huttes grossières. Les uns prétendent, continue Pierre de Maillezais, que leur nom dérive de la coutume qu’avaient ces pêcheurs de rendre un culte à la pluie ; d’autres, de ce que, lors des débordements de la Sèvre, ils abandonnaient leurs cabanes

  1. Monde primitif, analysé et comparé avec le monde moderne, considéré dans les origines françoises… p. xv, xvj.