Aller au contenu

Page:Francisque-Michel - Histoire des races maudites, tome II.djvu/32

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

preneurs n’aient trouvé, pour y travailler, que des malheureux qui ne tenaient en rien au sol, et qui, comme les Cagots des Pyrénées et les Caqueux de la Bretagne, étaient en possession d’exercer des métiers dangereux et insalubres dont les vilains même ne voulaient pas.

Mais qu’est-il besoin d’aller chercher dans les papeteries de la Charente les descendants des parias qui nous occupent ? De renseignements authentiques qui nous ont été fournis, il résulte qu’il y avait en Augoumois, durant et depuis la domination anglaise, une race ou secte qu’on peut assimiler aux Cagots des Pyrénées ou aux Caqueux de la Bretagne, et qui, suivant les diverses localités angoumoisines où ces hommes vivaient groupés et associés, recevaient de leurs voisins les noms de Creetés ou Crestés, et plus rarement ceux de Roux, Roussels, Cailluauds ou Cailhevots. Une agglomération de ces hommes vivant à part au milieu des autres Angoumoisins, a existé au village du Temple, près de Rouillac, où on leur a aussi donné quelquefois l’épithète de Pierrals, et plus tard le nom de Morins ou Maurins. Tous les documents recueillis à grand’peine sur ce sujet, sont antérieurs à la fin du XVIIe siècle, c’est-à-dire qu’il ne s’en trouve pas de postérieurs à la révocation de l’édit de Nantes ; sans doute parce que depuis cette époque, ces parias ont fait comme les protestants de la contrée, avec lesquels ils fraternisaient volontiers, surtout vers l’époque de la bataille de Jarnac, ainsi que le constate une lettre au capitaine de la Noue, qui existait au presbytère de Courbillac, et qui a été depuis conservée par les héritiers de feu l’abbé Prévost du Las, ancien curé de cette paroisse. Les principaux documents relatifs à ces Cagots de l’Angoumois, sont des actes entre eux et les possesseurs du logis de Boisauroux et des autres fiefs ecclésiastiques et laïques des environs, une vieille chanson et un noël saintongeais re-