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Page:Franck - Dictionnaire des sciences philosophiques, 1844, T1.djvu/644

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618 CYNIQUE (ÉCOLE).

représentée par la forme, la matière, qui n’est que la simple possibilité des choses, et l’âme du monde.

Toutes ces idées ne sont certainement pas neuves ; mais de Cusa est le premier parmi les modernes qui ait osé les exprimer avec autant de hardiesse et d’ensemble. Il est aussi le premier qui ait entrepris de ressusciter la théorie pythagoricienne du mouvement de la terre autour du soleil. Il est à regretter qu’un tel esprit se soit mêlé de prédiction, et qu’il ait annoncé la fin du monde pour l’annce 1734.

Les principaux ouvrages philosophiques de Nicolas de Cusa sont : Idiota, lib. IV ; — de Deo abscondito (un dialogue) ; — de Docta ignorantia, lib. III ; — Apologia doctoe ignorantioe, lib. III ; — de Conjecturis, lib. II ; — de Fortuna ; — Compendium, directio unitatis ; — de Venatione sapientioe ; — de Apice theorioe ; — de Visione Dei ; — Commentaire philosophique d’un passage de saint Paul. Ces différents traités forment la matière du premier tome des Œuvres complètes de l’auteur, 1 vol. in-fo, Bâle, 1565. L’édition de Paris est de 1514, mais elle est moins complète que celle de Bàle.


CYNIQUE (École). Après la mort de Socrate, Antisthène réunit quelques disciples dans le Cynosarge, gymnase d’Athènes, situé près du temple d’Hercule, et fréquenté par les citoyens de la dernière classe. Ces disciples s’appelèrent d’abord antisthéniens plus tard ils reçurent le nom de cyniques à cause du lieu de leurs réunions et surtout à cause de leurs habitudes beaucoup trop semblables à celles des chiens.

L’école cynique n’a, dans l’histoire de la science, qu’une importance secondaire. Plus libre plus personnelle qu’aucune autre école, amie de la singularité jusqu’au fanatisme, elle n’a pas ce qui fait l’originalité véritable, un principe qui lui soit propre. Je passe sous silence la logique d’Antisthène, renouvelée de celle de Gorgias, logique toute négative, que les successeurs d’Antisthène n’ont pas même conservée (Voyez Antisthène et Diogène). La morale des cyniques, c’est-à-dire leur doctrine entière sur quoi repose-t-elle ? sur ce principe que la vertu est le seul bien principe assez peu nouveau même au temps d’Antisthène. Pythagore l’avait introduit dans son école, Socrate l’avait proclamé sur les places publiques, presque tous les socratiques l’acceptaient d’un commun accord. Le principe des cyniques est un principe d’emprunt ; mais ce qui leur est propre et ce que personne ne leur conteste, ce sont les conséquences qu’ils en tirent. La vertu est le seul bien, disent-ils ; donc le plaisir est un mal ; la beauté, les richesses, la santé, la naissance, tout ce qui n’est pas la vertu est pour le moins indifférent. La douleur est un bien véritable. Il faut aimer la douleur et la rechercher pour elle-même. La vertu est le seul bien, donc les arts, les sciences, la politesse toutes les bienséances sont des superfluités condamnables ; la civilisation ne fait qu’amollir et corrompre les âmes en toutes choses le mieux est d’en revenir à la simple nature, à la nature animale, parfait modèle de la nature humaine. Enfin, puisque la vertu est le seul bien, le sage jouit de tous les avantages possibles il se suffit à lui-même. Par suite, il ne fait rien pour ses semblables il trouve en lui-même son but et sa règle, et abaisse les lois de l’État devant celles de la vertu et de la raison.

Cette révolte audacieuse contre la société, ce mépris de tout ce qu’elle