Page:Franck - Le communisme jugé par l'histoire, 1871.djvu/101

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l'on est un ouvrier, et la totalité des ouvriers d’un même pays, voilà ce que l'école socialiste ou révolutionnaire a pris la vicieuse habitude d’appeler le peuple, quoique ce nom ne soit applicable qu’à l'universalité des citoyens. Le bourgeois est celui qui possède un capital, et personne n’ignore que parmi les capitaux l'on comprend aussi la terre, qui ne donne rien sans culture, et les outils ou instruments de travail, dont la propriété n'empêche pas de mourir de faim si l’on néglige de s’en servir. De là résulte que bourgeois et ouvriers, non-seulement se touchent et se mêlent, mais souvent se confondent. L’ouvrier d’aujourd’hui pourra être bourgeois demain et le bourgeois d’aujourd’hui est un ouvrier d’hier. Le paysan qui laboure son champ lui-même et le propriétaire d’un atelier qui seul, ou avec un certain nombre de compagnons, le met en activité, sont tout à la fois des bourgeois et des ouvriers. Comment donc bourgeois et ouvriers pourraient-ils être considérés comme les oppresseurs et les successeurs les uns des autres ?

Quant à l’argument que le socialisme prétend tirer de l’histoire, il est complètement dépourvu de valeur. En 1789, ce n’est pas la bourgeoisie qui a détrôné la noblesse, c’est la liberté qui a détrôné la servitude, c’est le droit qui a détrôné le privilège, c’est le mérite personnel qui s’est substitué aux prérogatives iniques de la naissance, c’est un principe qui a triomphé et