Page:Franck - Le communisme jugé par l'histoire, 1871.djvu/45

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tion civile. C’est véritablement le communisme qu’on voit établi chez eux dans toute sa force. Vêtements, nourriture, plaisirs, occupations, rien n’échappe à ce régime. Les enfants sont élevés en commun et appartiennent à l'État. C’est lui qui, dès leur naissance, les condamne ou les absout, selon les services que leur constitution leur permettra de lui rendre un jour, selon qu’il trouve son intérêt à les conserver ou à s’en défaire. A la communauté des enfants, il faut joindre celle des femmes, qui, bien que facultative, n’en a pas moins existé à Sparte. Lycurgue, au dire de Plutarque[1], se raillait de ceux qui font du mariage une société exclusive où le partage ne doit pas être souffert. Il recommandait au vieillard, mari d’une femme encore jeune, d’introduire auprès d’elle un homme du même âge, signalé par sa beauté et par ses vertus, afin de féconder son lit par un sang généreux. De même qu’on pouvait prêter sa femme, il était permis d’emprunter celle d’un autre, quand on la jugeait propre à donner à la patrie de vigoureux défenseurs et des citoyens utiles. On reconnaît là comme une sorte de lévirat accommodé aux mœurs faciles de la Grèce. Mais pourquoi s’étonner dé ces aberrations ? Le principe de la communauté une fois reconnu, l’intérêt bien ou mal entendu de l'association mis à la place de la conscience

  1. Hommes illustres, Vie de Lycurgue.