Page:Franck - Le communisme jugé par l'histoire, 1871.djvu/59

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l'ancienne secte des hussites, puis réformée et constituée sur d’autres bases par le comte de Zinzendorf, nous offre sans contredit l'application la plus heureuse qui ait jamais été faite du régime de la communauté. Elle n’a rien qui rappelle la discipline ascétique ni les sombres austérités des cénobites du moyen âge. Elle fait de la religion une affaire de sentiment plutôt que d’imagination. Elle néglige le côté mystique et spéculatif du christianisme, pour s’attacher avec d’autant plus de force à son côté moral et pratique. Admettant dans son sein le mariage, par conséquent les femmes et les enfants, les devoirs et les occupations que la famille impose, elle forme une association civile et industrielle, aussi bien qu’une communauté religieuse. Sous ce dernier point de vue même, elle n’exclut pas une certaine diversité. Elle se divise en trois tropes, qui sont véritablement, dans le sens du protestantisme, autant de confessions différentes. L’un est la croyance des premiers moraves ou frères bohêmes, héritiers de la doctrine de Jean. Huss ; l’autre est la confession d’Augsbourg, et le troisième le culte réformé. Les enfants sont obligés de rester dans la communion de leur père ; mais il est juste d’ajouter que l’éducation, les mœurs, la vie en commun, et par dessus tout cette charité évangélique qui est comme l'âme de la secte, paralysent les effets de cette diversité de croyance. Quant à la constitution civile de la société, elle est fon-