Page:Franck - Le communisme jugé par l'histoire, 1871.djvu/72

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cier en ce moment ce sont des doctrines franchement avouées et proposées pour règle d’un nouvel ordre social.

Tout le monde a dans la mémoire ces paroles éloquentes de J.-J. Rousseau : « Le premier qui, ayant enclos un terrain, s’avisa de dire : ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres ; que de misères et d’horreurs n’eût point épargnés au genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables : Gardez-vous d’écouter cet imposteur ; vous êtes perdus si vous oubliez que les fruits sont à tous et que la terre n’est à personne[1]. » Là se trouve le principe de toutes les idées socialistes sur la propriété, et particulièrement des idées communistes. Mais que le communisme ne triomphe pas trop d’un tel appui. En condamnant la propriété, Rousseau sait bien qu’il condamne la société, et c’est précisément pour cela qu’il l’attaque ; c’est pour être conséquent dans le paradoxe qu’il les enveloppe l’une et l’autre dans la même proscription. « La propriété, dit-il, est le vrai fondement de la société civile et le vrai garant des engagements des citoyens : car si les lois ne répondaient pas des

  1. Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, 2e partie.