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tonnerre cessa pour un instant de gronder ; le bruit du torrent, les craquements du glacier, qui, disaient les guides, étaient la voix de la montagne qui se plaignait, interrompaient seuls ce solennel silence ; on eût dit que la nature recueillait toutes ses forces pour cette scène sublime.

Cette trêve ne dura qu’un moment. Une violente rafale passa en rugissant au-dessus de la montagne ; des nuées plus épaisses, plus sombres se précipitèrent en roulant les unes sur les autres, comme les vagues d’une mer en furie ; elles envahirent toute la vallée, et bientôt tout disparut à nos yeux comme sous un voile funèbre. Les éclairs brillaient incessants au milieu de ce cahos ; le tonnerre grondait avec violence ; ses détonations, répercutées par les rochers de la Maladetta, faisaient un fracas assourdissant ; tantôt il roulait majestueusement, tantôt il éclatait comme si la voûte