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Page:Franqueville - Voyage à la Maladetta, 1845.djvu/42

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vers le ciel leurs pyramides d’une sombre verdure. Qui pourrait bien décrire les beautés de ces forêts des montagnes ? Qui pourrait peindre cette obscurité solennelle qui règne sous leurs ombrages ? Qui pourrait redire ces bruits que n’a jamais entendus l’oreille de l’habitant des plaines ? Ces vagues soupirs, ces gémissements que pousse le vent en agitant les bras de ces vieux pins, ses sifflements aigus lorsqu’il heurte les branches plus âpres de quelque arbre séculaire dépouillé de son feuillage par les années ? L’aigle plane majestueusement dans les airs. Le vautour paresseux, nonchalamment posé sur la pointe d’un roc, la tête basse, les ailes pendantes, attend, ignoble bandit, les restes de la proie que lui abandonne le dégoût de plus nobles ravisseurs. Le corbeau solitaire croasse sur la cime dénudée d’un sapin à demi brisé. Le grand pic des montagnes fait retentir le tronc d’un pin desséché des coups redoublés de son