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Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/150

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Il eût été sans doute incompréhensible que les auteurs qui se sont occupés du rêve ne se fussent pas aperçus que sa principale fonction consiste dans la réalisation de désirs. Ils ont, au contraire, souvent noté ce caractère, mais personne n’a jamais eu l’idée de lui reconnaître une portée générale et d’en faire le point de départ de l’explication du rêve. Nous soupçonnons bien (et nous y reviendrons plus loin) ce qui a pu les en empêcher.

Songez donc à tous les précieux renseignements que nous avons pu obtenir, et cela presque sans peine, de l’examen des rêves d’enfants. Nous savons notamment que le rêve a pour fonction d’être le gardien du sommeil, qu’il résulte de la rencontre de deux tendances opposées, dont l’une, le besoin de sommeil, reste constante, tandis que l’autre cherche à satisfaire une excitation psychique ; nous possédons, en outre, la preuve que le rêve est un acte psychique, significatif, et nous connaissons ses deux principaux caractères : satisfaction de désirs et vie psychique hallucinatoire. En acquérant toutes ces notions, nous étions plus d’une fois tentés d’oublier que nous nous occupions de psychanalyse. En dehors de son rattachement aux actes manqués, notre travail n’avait rien de spécifique. N’importe quel psychologue, même totalement ignorant des prémisses de la psychanalyse, aurait pu donner cette explication des rêves d’enfants. Pourquoi aucun psychologue ne l’a-t-il fait ?

S’il n’y avait que des rêves enfantins, le problème serait résolu, notre tâche terminée, sans que nous ayons besoin d’interroger le rêveur, de faire intervenir l’inconscient, d’avoir recours à la libre association. Nous avons déjà constaté à plusieurs reprises que des caractères, auxquels on avait commencé par attribuer une portée générale, n’appartenaient en réalité qu’à une certaine catégorie et à un certain nombre de rêves. Il s’agit donc de savoir si les caractères généraux que nous offrent les rêves d’enfants sont plus stables, s’ils appartiennent également aux rêves moins transparents et dont le contenu manifeste ne présente aucun rapport avec la survivance d’un désir diurne. D’après notre manière de voir, ces autres rêves ont subi une déformation considérable, ce qui ne nous permet pas de nous prononcer sur leur compte séance tenante. Nous entrevoyons aussi que, pour