Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/23

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vie amoureuse ; il montre que les désirs pathogènes ne sont autres que des tendances érotiques ; et il nous force à admettre que les troubles érotiques occupent la première place parmi les influences morbigènes, et cela chez les deux sexes[1]. Mais ce n’est pas tout. Il est des cas où la psychanalyse permet de rattacher les symptômes à de simples influences traumatiques, n’ayant en apparence rien de sexuel. Mais en y regardant de près, on s’aperçoit que cette distinction entre influences sexuelles et influences purement traumatiques ne correspond pas à la réalité. C’est que la psychanalyse, au lieu de s’arrêter à un moment quelconque de la vie (adulte) du malade, au lieu de se contenter de la première explication plausible et probable qu’elle rencontre au cours de ses investigations, poursuit son exploration, en descendant jusqu’à la puberté, voire jusqu’à la première enfance du malade. Ce sont, en effet, les impressions de l’enfance, de l’âge le plus tendre qui fournissent l’explication de la susceptibilité ultérieure des malades à l’égard de certaines actions traumatiques, et c’est seulement après avoir découvert et rendu conscientes ces traces de souvenirs presque toujours oubliés, que nous sommes en mesure de supprimer les symptômes morbides. Nous constatons ici (comme dans les rêves) que ce sont les désirs réprimés, mais persistants, de l’enfance qui rendent possible la réaction aux traumatismes ultérieurs par la formation de symptômes. Et nous pouvons, d’une façon générale, désigner ces puissants désirs de l’enfance sous le nom de sexuels[2]. »

C’est cette conception d’une sexualité infantile qui, plus encore que celle de l’origine sexuelle des symptômes névrotiques en général, paraît déconcertante dans la théorie psychanalytique.

Mais à ceux qui s’étonnent de voir attribuer à la sexualité un sens aussi étendu, Freud répond que les mots du langage courant sont faits avant tout pour désigner

  1. S. Freud. — La Psychanalyse, p. 52. Traduction française Y. Le Lay, Payot, Paris, 1921.
  2. Ibid., p. 53-54.