Aller au contenu

Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/363

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

œuvre les moyens dont dispose la femme, forment chez la petite fille un charmant tableau qui nous fait oublier le sérieux et les graves conséquences possibles de cette situation infantile. Ajoutons sans tarder que les parents eux-mêmes exercent souvent une influence décisive sur l’acquisition par leurs enfants du complexe d’Oedipe, en cédant de leur côté à l’attraction sexuelle, ce qui fait que, dans les familles où il y a plusieurs enfants, le père préfère manifestement la petite fille, tandis que toute la tendresse de la mère se porte sur le petit garçon. Malgré son importance, ce facteur ne constitue cependant pas un argument contre la nature spontanée du complexe d’Oedipe chez l’enfant. Ce complexe en s’élargissant devient le « complexe familial » lorsque la famille s’accroît par la naissance d’autres enfants. Les premiers venus y voient une menace à leurs situations acquises : aussi les nouveaux frères ou sœurs sont-ils accueillis avec peu d’empressement et avec le désir formel de les voir disparaître. Ces sentiments de haine sont même exprimés verbalement par les enfants beaucoup plus souvent que ceux inspirés par le « complexe parental ». Lorsque le mauvais désir de l’enfant se réalise et que la mort emporte rapidement celui ou celle qu’on avait considérés comme des intrus, on peut constater, à l’aide d’une analyse ultérieure, quel important événement cette mort a été pour l’enfant qui peut cependant fort bien n’en avoir gardé aucun souvenir. Repoussé au second plan par la naissance d’une sœur ou d’un frère, presque délaissé au début, l’enfant oublie difficilement cet abandon ; celui-ci fait naître en lui des sentiments qui, lorsqu’ils existent chez l’adulte, le font qualifier d’aigri, et ces sentiments peuvent devenir le point de départ d’un refroidissement durable à l’égard de la mère. Nous avons déjà dit que les recherches sur la sexualité, avec toutes leurs conséquences, se rattachent précisément à cette expérience de la vie infantile. À mesure que les frères et les sœurs grandissent, l’attitude de l’enfant envers eux subit les changements les plus significatifs. Le garçon peut reporter sur la sœur l’amour qu’il avait éprouvé auparavant pour la mère dont l’infidélité l’a si profondément froissé ; dès la nursery, on voit naître entre plusieurs frères s’empressant autour de la jeune sœur ces