Page:Friedrich Carl von Savigny - Traité de droit romain, Tome 1, 1855.djvu/132

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action continuelle et irrésistible. Les opinions qu’ils adoptaient devaient influer sur les progrès du droit, et chacun d’eux, celui surtout que distinguait la supériorité de son esprit, devait avoir une large part de cette autorité invisible. De nos jours, on appelle jurisconsulte quiconque a étudié le droit pour devenir magistrat, avocat, auteur ou professeur, c’est-à-dire presque toujours en vue d’une fonction salariée. Ces jurisconsultes sont très-nombreux, et répandus dans toute l’Allemagne ; ils forment une société fort mêlée, où le mérite est très-inégalement réparti. Leur influence sur le droit doit donc être moins directe et moins personnelle. Il faut un long temps pour qu’une opinion prenne un caractère de généralité ; et si parfois un principe ou une doctrine vient à passer dans la législation, et à agir ainsi sur le droit, le hasard doit y être pour beaucoup.

L’état des choses était bien différent de celui de l’ancienne Rome quand, au moyen âge, le droit romain fut adopté par la plupart des peuples de l’Europe. Cette adoption donna au droit un caractère scientifique (§ 18) ; et les connaissances nécessaires pour résoudre les difficultés qu’offrait son application ne pouvaient être communes à tous. De ce besoin naquirent pour le droit une école et une littérature, qui n’étaient pas appelées par l’état général de la culture in-