Page:Friedrich Carl von Savigny - Traité de droit romain, Tome 1, 1855.djvu/133

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tellectuelle[1]. Au moyen âge, comme dans l’ancienne Rome, la science du droit eut donc un développement différent de celui des autres sciences, mais différent en sens inverse. Dans l’ancienne Rome, la science du droit fut la dernière à atteindre sa perfection ; au moyen âge, elle se développa bien avant que l’esprit scientifique se fût éveillé dans la nation. L’isolement où elle se trouva pendant de longues années rendit son existence très-difficile, et condamna plusieurs de ses parties à une imperfection inévitable. Mais l’énergie des efforts que durent soutenir les glossateurs donne à leurs travaux une dignité noble et sérieuse, et les résultats qu’ils obtinrent, malgré une position si difficile, ont encore aujourd’hui droit à notre admiration[2].

Ainsi donc le droit populaire, à moins qu’il ne fût renfermé dans un cercle très-étroit, se trouva dès l’origine identifié au droit scientifique, et les besoins pratiques, pour avoir satisfaction, durent être traduits par la science (§ 18). Ainsi la science du droit prit un caractère original, et chez les jurisconsultes la théorie se trouva intimement liée à la pratique, de même que souvent l’influence de la pratique a sauvé

  1. Savigny, Histoire du droit romain au moyen âge, volume III, § 32.
  2. Savigny, passim et ch. XLI.