Page:Friedrich Carl von Savigny - Traité de droit romain, Tome 1, 1855.djvu/201

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Auguste accrut et modifia cette influence en autorisant un certain nombre de jurisconsultes distingués à donner des avis que les juges devaient observer comme des lois (legis vice), tant qu’il n’existait pas d’avis contraire d’un autre jurisconsulte également autorisé[1]. D’un autre côté, les doctrines et les écrits des jurisconsultes ne perdaient rien de leur importance. Cités devant les tribunaux, ils avaient, non pas force de loi (legis vicem), mais une grande autorité morale, si les jurisconsultes privilégiés n’avaient pas donné d’avis sur la question, ou que leurs avis fussent contradictoires.

Gaius parle des consultations privilégiées comme d’une institution toujours subsistante. Elle cessèrent probablement quand la vie se fut retirée de la science. En effet, les jurisconsultes

  1. Gaius, I, § 7 ; § 8, J. de j. nat. (I, 2). — L. 2, § 47, de orig. jur. (I, 2). — Ainsi je distingue les responsa, les consultations données, sur un cas déterminé, par un jurisconsulte autorisé à cet effet, des doctrines professées par les auteurs en général, c’est-à-dire la littérature du droit. L’autorité des responsa, obligatoires pour le juge, était une chose toute positive, et c’est à quoi se rapportent les textes cités. L’influence de la littérature était fort naturelle, mais son caractère était indéterminé, et elle ne liait aucun juge. Gaius parle de l’autorité des responsa, sans exclure l’influence de la littérature. Hugo, Rechtsgesch., p. 811, 11e éd., repousse, ou du moins met en doute l’autorité des responsa, et n’admet que l’influence de la littérature. Cette opinion me paraît inconciliable avec l’emploi du mot responsa ; mais cette discussion est hors de mon sujet.