Page:Friedrich Carl von Savigny - Traité de droit romain, Tome 1, 1855.djvu/24

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la masse des connaissances acquises s’est singulièrement accrue. Mais si l’on considère cette intelligence de la pratique, qui doit vivifier la science des théoriciens, la comparaison ne sera pas à notre avantage. Cette infériorité vient de la direction même donnée aux travaux théoriques. Rien de plus louable, sans doute, que de vouloir enrichir la science par des découvertes nouvelles ; mais ce sentiment a pris de nos jours une tendance exclusive et fâcheuse. Ainsi, l’importance exagérée donnée aux points de vue nouveaux, fait négliger l’esprit d’organisation, qui se complaît à mettre sous leur jour véritable les anciens matériaux, bien que cette mise en œuvre, sérieusement entreprise, ait aussi son originalité, et soit pour la science l’instrument de progrès moins brillants, mais non moins réels. Comme un large développement de la force créatrice est le partage du petit nombre, cet amour exclusif de nouveauté a conduit plus d’un auteur à se renfermer dans un cercle étroit d’idées et de doctrines, et cette préoccupation les empêche de saisir la science dans son ensemble. En cela, nos devanciers nous étaient bien supérieurs, car les hommes capables de re-