Page:Friedrich Carl von Savigny - Traité de droit romain, Tome 1, 1855.djvu/295

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d’un grand secours pour l’interprète. En effet chaque titre du Digeste et du Code, se distinguant des autres titres par la matière dont il traite, la spécialité de son objet peut très-bien servir à déterminer le sens d’un texte douteux. On ne doit pas oublier néanmoins que les rédacteurs du droit Justinien, trompés par une apparence extérieure d’analogie, ont parfois inséré un texte dans un titre qui ne lui convient nullement, et alors ce moyen d’interprétation cesse d’être applicable[1]. Mais, indépendamment de ces cas exceptionnels, ce serait exagérer la règle que de restreindre chaque texte à l’objet direct de son titre, car souvent les rédacteurs ont eu à la fois en vue un autre objet et même plus important. — On pourrait encore chercher un moyen semblable d’interprétation dans la disposition des fragments de chaque titre, si les rédacteurs eussent suivi un ordre logique. Mais pour le Code ils ont évidemment suivi l’ordre chronologique, et pour le Digeste ils ont adopté un autre ordre tout aussi extérieur, et qui n’admet pas davantage ce moyen d’interprétation.

  1. C’est ce que l’on appelle les leges fugitivæ. On cite pour exemple la L. 6, de transact. (II, 15), insérée, par erreur, au titre de transactionibus, à cause du seul mot transigi, bien qu’elle n’y ait aucun rapport, comme on peut s’en convaincre en la rapprochant de la L. 1, § 1, test. quemadm. aper. (XXIX, 3).