Page:Friedrich Carl von Savigny - Traité de droit romain, Tome 1, 1855.djvu/296

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Quelquefois cependant la place qu’occupe un fragment dans un titre est déterminée par l’enchaînement des idées, et c’est alors un secours que l’interprète ne doit pas négliger[1].

Enfin, les changements innombrables que les textes originaux ont subis en passant dans les compilations de Justinien offrent une grande importance, et sont de trois espèces.

La première et la plus directe consiste en modifications partielles que l’on appelle ordinairement interpolations, ou emblema Triboniani. Plusieurs de ces interpolations sont évidentes[2] ; d’autres, et en bien plus grand nombre, sont plus ou moins vraisemblables ; d’autres nous sont tout à fait inconnues. Justinien avait permis et même expressément recommandé ces interpolations, dans le but fort raisonnable de changer les parties des anciens textes qui n’étaient plus en harmonie avec la législation nouvelle, et de les approprier ainsi à l’objet de la compila-

  1. Bluhme, Ordnung der Fragmente in den Pandectentitelu, Zeitschr. f. Gesch. Rechtsw., vol. IV, p. 290, 366, 414.
  2. Ainsi, par ex., l’usucapion des immeubles, jusqu’à Justinien, était de deux ans ; il l’étendit à dix, et quelquefois à vingt ans, ce qu’on appelait autrefois longum tempus. Voilà pourquoi, dans les textes des anciens jurisconsultes, on a remplacé le plus souvent, bien que sans nécessité, les mots usucapio et usucapere, par les mots longi temporis capio et longo tempore capere. Cf. L. 10, § 1 ; L. 17 ; L. 26 ; L. 33, § 3, de usurp. (XLI, 3), et plusieurs textes semblables.