Page:Friedrich Carl von Savigny - Traité de droit romain, Tome 1, 1855.djvu/31

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moyen de perfectionner notre jurisprudence, c’est faire tort à l’esprit du siècle et de la nation ; qu’en suivant une pareille voie, nous ne pouvons qu’imiter imparfaitement, ou tout au plus reproduire, l’œuvre des Romains, et qu’il serait plus noble de faire acte d’indépendance et de réserver tous nos efforts pour une œuvre originale. Je rends justice à la générosité de ce sentiment, mais ici il s’égare. La multiplicité des matériaux que tant de siècles ont accumulés rend notre tâche bien plus pénible que celle des Romains, et place notre but plus haut. S’il nous était donné de l’atteindre, non-seulement nous aurions égalé le mérite des Romains, mais notre œuvre serait infiniment plus grande. Quand nous saurons manier les matériaux du droit avec l’habileté et la puissance que nous admirons chez les Romains, nous pourrons cesser de les prendre comme modèles et laisser à l’historien le soin de célébrer leur gloire. Jusque-là, un orgueil mal entendu ou l’intérêt de notre commodité ne doivent pas nous faire négliger un secours auquel toute l’énergie de nos efforts pourrait difficilement suppléer. Notre position vis-à-vis de l’anti-