Page:Friedrich Carl von Savigny - Traité de droit romain, Tome 1, 1855.djvu/64

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qui anime tous les membres d’une nation ; aussi, l’unité du droit se révèle nécessairement à leurs consciences, et n’est plus l’effet du hasard. Assigner au droit positif une origine invisible, c’est donc renoncer au témoignage des documents. Mais cette difficulté n’a rien de particulier à mon opinion : elle se représente infailliblement dans toutes les explications de l’origine du droit. En effet, là où commence l’histoire fondée sur les documents, on trouve chez tous les peuples un droit positif déjà existant, et dont l’origine remonte au delà des temps historiques. Mais je puis invoquer des pensées d’un autre ordre, et telles que les comporte la nature du sujet. Je citerai d’abord la reconnaissance unanime du droit positif, le sentiment de nécessité qui accompagne ses manifestations, sentiment si clairement exprimé par l’antique croyance qui attribue au droit une origine divine. On ne pouvait nier d’une manière plus formelle l’intervention du hasard ou de la volonté humaine, Je citerai ensuite l’analogie que présentent plusieurs éléments caractéristiques de chaque peuple, les usages de la vie commune, et surtout la langue, dont l’origine se cache au delà des temps historiques. Ce n’est ni le hasard ni la volonté des individus, c’est l’esprit national qui enfante les langues ; mais leur nature sensible rend cette origine plus évidente et plus saisissable que pour le droit. Ces