Page:Friedrich Carl von Savigny - Traité de droit romain, Tome 1, 1855.djvu/65

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diverses manifestations de l’esprit général d’un peuple sont autant de traits caractéristiques de son individualité, parmi lesquels la langue tient la première place comme le plus apparent.

Mais le droit qui vit dans la conscience du peuple n’est pas un composé de règles abstraites. Il est perçu dans la réalité de son ensemble, et la règle apparaît sous sa forme logique dès que le besoin s’en fait sentir ; elle se détache de cet ensemble et se traduit par un mode artificiel. Telles sont les actions symboliques qui donnent au droit une apparence sensible, et où son origine populaire se révèle avec plus de profondeur et de clarté que dans les lois.

En exposant cette origine du droit positif, je n’ai pas tenu compte du temps au sein duquel la vie des peuples se développe. Or, on voit, au premier coup d’œil, que le temps, par son action, ajoute à la force du droit. Une idée de droit reçue chez un peuple s’enracine chaque jour davantage ; elle se développe par l’application ; et la conscience du droit, qui d’abord n’existait qu’en germe, prend une forme déterminée. Mais le temps modifie aussi le droit. En effet, on peut comparer la vie des peuples et chacun de ses éléments constitutifs à la vie humaine, qui jamais n’est stationnaire, et offre une succession continuelle de développements organiques. De même les langues et le droit n’existent que par une