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CHRONIQUES DE J. FROISSART.

entreprîmes ; et quant il véy que ceulx de Gand, qui estoient si subgets, et que tant amoit, prisoit et honnouroit, se commenchèrent à rebeller contre lui, et opposer à ses intencions que il tenoit à bonnes, il lui deubt bien annuyer, ainsi qu’il fist, et bien le monstra. Ainsi que j’ay ci-dessus dit que ceulx de Bruges y eubrent grant coulpe, je vous veulx monstrer comment.

CHAPITRE 2.

Comment ceulx de Bruges furent cause de commenchement des guerres de Flandres.

Il est vray que la ville de Bruges n’est point bien aisée ne servie de doulches eaues, et que ils en ont grand dangier. Si ont-ils eu anciennement propos, de la rivière de la Lys qui leur marchist assez près, que ils en atrairoient en leur ville une partie, tant que leur eaue, qu’ils appellent la Roe, en seroit rafreschie, et de quoy Bruges en vauldroit grandement mieulx. Et en ont eus traictiés et parlement par pluiseurs fois à ceulx de Gand, une foys par amour et par doulceur, l’autre fois le voulloir prendre par poissance et par rigueur. Et tant que ils y ont par plusieurs fois fouy ; et ceulx de Gand leur sont allés au devant et défendu leur ouvraige. Et tant que de la dicte rivière, il n’ont eu nulle aise ; car ceulx de Gand dient que, sans ayde et constraincte, la rivière les sert et administre, et que elle ne puelt faire à ceulx de Bruges ; et a son cours ainsi que Dieu l’a ordonné ; et que point de commenchement, à la création de leur ville, ils ne l’envoyèrent ne tranchier ne querre ; mais sur le cours de la rivière de la Lys, de l’Escault et la Liève, les anchiens fondèrent la ville de Gand, et le vouldrent tenir en cest état en son cours naturel et sans violence ; et que si la ville de Bruges n’est pas bien fournie de doulces eaues, ils quièrent art et enghien par dessous terre comment ils le soient, sans à eulx tollir ce que Dieu leur a envoyé de sa grâce et par ordonnance du monde ; et que ceste querelle ils ont tenu et deffendu, tendront et deffenderont tant que durer pourront et que il y aura pierre en estant en la ville de Gand ; ne jà de ce propos ne partiront pour chose qui leur doive advenir.

En ce temps estoient en Flandres ly contes et le pays en leurs fleurs ; et ne doubtoient ne admiroient poissance de nul seigneur terrien, car ils estoient si garnis et si raemplis d’or et d’argent, de richesses et de tous biens, que merveilles seroit à recorder. Et tenoient les riches hommes, ens ès bonnes villes et ailleurs, et plusieurs autres en desoubs, si grans estas de eulx et de leurs femmes, qu’il sembloit proprement que les richesses leur abondassent du chiel, et que ils les trouvassent sans soing et sans peine. Dont, pour les grans superfluités qu’ils en firent, Dieu se couroucha et leur remonstra, car ils furent battus de cruelles vergues. Et pourront dire ceulx qui ceste matière liront ou lyre orront, que Dieu consenty tout pour eulx exempler, et ce puelt-on bien supposer. Ainsi fut et advint en Flandres à ce temps, comme vous pourrez clèrement veoir et cognoistre par les traictiés de l’ordonnance de la matière qui cy-après s’ensieult.

CHAPITRE 3.

Comment le comte de Flandre avoit grant amour à uns bourgeois de Gand, lequel avoit nom Jehan Lyon. Et comment le dit Jehan Lyon tua, pour le fait du dit conte, un bourgeois du dit Gand.

En icelui temps que le conte Loys de Flandres estoit en sa greigneur prospérité, etc.

Même texte que le chapitre LII, livre 2, avec cette seule variante.

« Car le conte l’ensonnia de faire occhir ung homme en Gand qui lui estoit contraire et desplaisant. Et au commandement du conte, couvertement, Jehan Lyon le tua ; car il prist parolles de débat à cellui, et l’occist. Et depuis le bourgeois mort et occis, qui s’appeloit Jehan d’Yorque, il s’en vint demeurer à Douay, etc. »

Les chapitres 4 à 13 sont conformes au texte publié par moi, tel qu’il est donné dans le chapitre 
 LII.
Les chap. 
14 à 17 répondent au chapitre 
 LIII.
—— 
18 à 20 
 LIV.
—— 
21 à 24 
 LV.
—— 
25 a 31 
 LVI.
—— 
32 à 34 
 LVII.
—— 
35 à 41 
 LVIII.

Dans sa rédaction générale, Froissart a interrompu ici le récit des affaires de Flandres pour passer aux affaires de Bretagne, et il ne reprend les affaires de Flandres qu’au chapitre LX.