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ADDITION AU LIVRE II.

ung piet de escouffle. Et se ne savoient quel chose il leur falloit, et ne eulrent oncques puis sancté. Quant on véoit ceulx qui avoient esté dedans le Dam assis quelque part, depuis le siége levé, avec aultres gens, on les reconnoissoit bien, et ne les congneuist-on que pour la jaune couleur. Et les ensaingnoit-on au doit, disant : « Ceux-là furent dedans le Dam. » Et moult de bons chevaliers et escuyers de l’ost furent malades, et s’en allèrent les aucuns rafreschir à Bruges. »

Le dernier alinéa du chapitre est un peu différent dans le manuscrit ; le voici :

« Entreus entrèrent ces gens d’armes et les Flamenques en ce pays des Quatre-Mestiers ; et l’ardirent et détruisirent, et abattirent tout fors, tours et moustiers qui toujours s’estoient tenus, et n’y laissèrent d’enthier maison ni hamel. Et en cachèrent en voye ou ochirent tous les hommes, femmes et enfans. Toutte la guerre durant ceulx des Quatre-Mestiers dessus dits n’avoient point eu de grant dommage ; ne plus n’avoit demeuré d’enthier, de tout le pays et conté de Flandres, que la partie et mette des Quatre-Mestiers ; mais fortune n’euist point bien esté sauchie, si tout le pays de Flandres ne s’en feust sentis. »

Le chapitre 289 répond à la fin du chapitre CCXXX et au commencement de CCXXXI.

Le manuscrit abrège ici ce qui est un peu amplifié dans le texte de mon édition.

À la suite de ce commencement du chapitre CCXXXI Froissart interrompt le récit des guerres de Flandres, et ne le reprend qu’avec le chapitre CCXXXVII.

Les chapitres 290 à 294 du manuscrit répondent à ce chapitre 
 CCXXXVII.
—— 
294 
 CCXXXVIII.

Le manuscrit développe ici le récit avec plus de détails que le texte de mon édition. Voici cette variante :

« Si dict Rogier : « Il nous fault ung moyen. Nous ne le pourions faire de nous-mesmes. Et seroit besoing et nécessaire d’avoir ung homme sage, secret et de crédence pour nostre affaire remonstrer et reporter au duc de Bourgogne ; assavoir se il lui venroit à plaisir, se par notre paine et soing il y avoit en ceste ville aucuns traictiés de paix, se il se vouldroit condeschendre. » Jacques respondy : « C’est bien à voir dict ; et j’en çai ung, si ce vous semble bon ; messire Jehan Delle que bien congnoissiez. Il n’y a nuls gaits sur luy et s’est hantables et congneus à ceulx de Gand. » Rogier dict : « C’est bon et est vray ; et m’y assure au nom de Dieu. » Et tant firent secrettement que ils parlèrent à lui, et luy dirent finablement leurs secrets en remonstrant et disant : « Messire Jehan Delle nous avons… vous dites bien et comme bonnes et léalles gens. »

Les chapitres 296 et 297 contiennent la suite du chapitre CCXXXVIII.

Le chapitre 297 est un peu plus étendu dans le manuscrit qu’il ne l’est dans le texte de mon édition, sans qu’il y ait aucun fait très intéressant de plus. Ce n’est qu’une rédaction moins concise. Voici cette variante :

« Tout ce que monseigneur de Bourgogne dist, messire Jehan Delle l’entendy bien, et dist que ainsi le feroit ; et prist congié au duc et s’en retourna à Gand ; et fist tant secrettement que il parla aux deux preudommes dessus dits et leur recorda les nouvelles et la charge que il avoit de monseigneur de Bourgogne, comme dessus est dit ; dont ils se contentèrent très bien. Et dist Regnier Everwin : « Puisque nous avons l’octroy de monseigneur de Bourgogne de le faire, se ce ne se faisoit ce seroit notre coulpe. » Jaques respondy : « C’est vrai ; mais par mon conseil j’envoyerois, par messire Jehan Delle qui cy est, à Franchois Acreman ou chastel de Gavres, où il est gardien, d’avoir son intention, sans faire de nous mention, se il ne le tienne seurement de nostre oppinion.

« Regnier dict : « C’est bien dit ; » et aussi fist messire Jehan Delle. Si se party d’eulx et alla vers Franchois Acreman au chastel de Gavres, quant il véy mieulx son point.

« Si le trouva, et se descouvry à luy secrettement de tout ce que dessus est dit. Franchois pensa ung petit sus et puis respondy liement ; « Là où monseigneur de Bourgogne vouldra tout pardonner, et la bonne ville de Gand tenir en ses franchises et libertés, je ne serai jà rebelle, mais dilligent grandement de venir à paix. Et dictes hardiement à ceulx par qui vous estes ycy venus que je demourrai encoste eulx seurement et secrettement. »

« Sur ces parolles se party messire Jehan Delle de Franchois Acreman, et s’en revint à Gand ; et leur (alors) recorda les bonnes nouvelles qu’il