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Page:Froissart - Les Chroniques de Sire Jean Froissart, revues par Buchon, Tome II, 1835.djvu/726

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[1388]
CHRONIQUES DE J. FROISSART.

de la sauvage Escosse[1] en une cité, nommée Abredane[2] ; et là furent, ou en partie, tous les barons d’Escosse.

À celle fête fut obligé, ordonné et convenancé, qu’à la moyenne d’août, qui fut l’an de grâce mil trois cent quatre vingt et huit, ils seroient tous, et chacun atout sa puissance, sur les frontières de Galles, à un chastel ès hautes forêts qu’on dit Gedeours[3] ; et sur cel état ils se départirent les uns des autres. Et sachez que de celle assemblée qu’ils avoient ordonné de faire, ils n’en parlèrent oncques à leur roi, ni n’en firent compte ; car ils disoient entre eux, qu’il ne savoit guerroyer.

Au jour de l’assignation qui fut faite à Gedeours vinrent tout premièrement le comte James de Douglas, messire Jean comte de Mouret[4], le comte de la Marche et de Dombar, messire Guillaume comte de Fife, messire Jean comte de Surlant[5], messire Estienne comte de Montres[6], messire Guillaume comte de la Marche, et messire Archebaus de Douglas, messire Robert Ave Ercequi[7], messire Mark Adremens[8], messire Guillaume de Lindesée[9] et messire Jacques son frère[10], Thomas de Percy, messire Alexandre de Lindesee[11], le seigneur de Sothon[12], messire Jean de Sandelans[13], messire Patrisse de Dumbar, messire Jean de Saint-Clair, messire Gauthier de Saint-Clair, messire Patrisse de Hepborne[14] et messire Jean son fils, le seigneur de Mongombre[15] et ses deux fils, messire Jean Marquesuel[16], messire Adam de Glandinin[17], messire Guillaume de Reduen[18], messire Guillaume Suart, messire Jean de Halpebreton[19], messire Jean Alidiel[20], messire Robert Laudre[21], messire Estienne Fresiel[22], messire Alexandre de Ramesay, et messire Jean son frère, messire Guillaume de Norbervic[23], messire Aubert Hert[24], messire Guillaume de Warlau[25], messire Jean Amorston[26], David Flemin[27], Robert Coleume[28], moult d’autres chevaliers et écuyers d’Escosse. Oncques, depuis soixante ans, ne s’étoient trouvés tant de bonnes gens ensemble ; et étoient bien douze cens lances et quarante mille hommes, parmi les archers. Mais, tant que du métier de l’arc, Escots s’ensonnient petit ; ainçois portent haches chacun sur son épaule, et s’approchent tantôt en bataille ; et de ces haches donnent trop beaux horions.

Quand ces seigneurs se furent tous trouvés en la marche de Gedeours, ils furent moult lies ; et dirent que jamais en leurs hôtels ne rentreroient, si auroient chevauché en Angleterre, et allé si avant qu’on en parleroit vingt ans à venir. Et pour savoir encore plus certainement là où ils se trairoient, ni comment ils s’ordonneroient, ces barons, qui étoient capitaines de tout le demourant du peuple, assignèrent un jour entre eux à être à une église en une lande, sur la forêt de Gedeours, qu’on appelle au pays Zoden[29].

  1. Froissart appelle toujours de ce nom les Highlands.
  2. Aberdeen.
  3. Jedworth.
  4. Jean, comte de Moray.
  5. Jean, comte de Sutherland.
  6. Étienne, comte de Menteith, selon Walter Scott.
  7. Sir Robert Erskine d’Ava.
  8. Sir Malcolm Drummond.
  9. Sir William Lindsay.
  10. Sir James Lindsay.
  11. Sir Alexander Lindsay.
  12. John Swinton de Swinton. C’est le même qui combattit avec les Français aux barrières de Noyon, en 1370, et que Froissart appelle dans ce passage Asneton. Sir Walter Scott, dans son Minstrelsy of Scottish borders, lui rend son véritable nom de Swinton. Il se distingua beaucoup à cette bataille d’Otterbourne. L’ancienne ballade sur la bataille d’Otterbourne, rapportée par Percy dans ses Relicks of ancient poetry, le cite avec éloge.
  13. Sir John Sendilans.
  14. Sir Patrick Helpburn Lord Hailes.
  15. De Montgommery.
  16. Sir John Maxwell.
  17. Sir Adam Glendinning.
  18. Je ne trouve pas ce nom. Peut-être est-ce Wilriam de Rothwen.
  19. Sir John Haliburton de Dirleton.
  20. Sir John de Ludie.
  21. Sir Robert Lauder.
  22. Sir Stephen Fraser.
  23. William de North-Berwick, prêtre renommé pour son courage et qui conduisait au combat et animait les autres chapelains.
  24. Sir Robert Hart.
  25. Sir William Wardlew.
  26. Sir John Armstrong.
  27. Sauvage, qui a estropié tous ces noms de la manière la plus étrange, sur la foi des plus mauvais manuscrits, au lieu de Flemin appelle ce chevalier David Filium. Tous les Anglais qui ont travaillé sur le récit de la bataille d’Otterbourne par Froissart, récit plus complet que ceux de tous les autres historiens, se seraient évité beaucoup de difficultés en ayant recours à un bon manuscrit. On reconnaît aisément dans David Flemin le nom de David Flemming.
  28. Peut-être Robert Campbell.
  29. Voici la note que sir Walter Scott a adressée à