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Page:Froissart - Les Chroniques de Sire Jean Froissart, revues par Buchon, Tome III, 1835.djvu/407

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SUR CETTE NOUVELLE ÉDITION.

Elle dit en parlant des habitans de Calais désolés après le départ du roi de France, dont ils avaient espéré le succès :

« Qui ultra non habentes unde viverent et de succursu diffidentes, reddiderunt se misericordiæ regis Angliæ, quartà die mensis augusli. Quod ibidem rex gaudens suscepit, sed misericordiam in tirannidem commutavit. Omnes enim illos qui villam inhabitaverant foras ejecit, etiam religiosos carmelitas, et loco eorum Anglicos introduxit. »

M. Gœthals Vercruysen, de Courtray, possède dans sa précieuse bibliothèque de manuscrits une chronique fort intéressante pour cette même époque, celle de l’abbé Gilles le Muisis. Il en existe aussi un manuscrit à Paris, et j’en ai extrait pour ma première édition de Froissart un poème français sur la bataille de Crécy ; mais ce manuscrit est d’une écriture moderne courante, fort difficile à déchiffrer. Le manuscrit de M. Gœthals est sur vélin, du quatorzième siècle, et paraît être le manuscrit original de l’abbé Muisis lui-même. On me saura gré sans doute de faire connaître un manuscrit que nous ne pouvons posséder. Le gendre de M. de Gœthals m’a permis d’en prendre connaissance pendant mon séjour à Gand.

Il commence ainsi, en lettres rouges :

« O vos omnes qui in monasterio beati Martini Tornacensis habitum regularem assumpsistis, et qui ibidem stabilitatem et conversionem morum et obedientiam professi estis, et novistis, tam moderni quanm futuri, reducite ad memoriam et mente sedula sæpissimè cogitate quod nasci pena, labor vita, necesse mori, et quod homo natus de muliere, brevi vivens tempore, repletur multis miseriis. Pensate etiam quod nulla sunt que temporaliter currunt. Finis temporalium ostendit quia nichil, sit quod transire potuit ; casus rerum indicat quia res transiens, et tunc quoque nichil fuit cum stare videretur. Mundus, qui diligitur, fugit, fugientem sequimur, labenti inheremus, et quia labentem retinere non possumus cum ipso labimur, quia cadentem tenemus. »

En encre noire suit[1] :

« Ego autem frater Egidius li Muisis, post restaurationem dicti monasterii humilis abbas decimus septimus, licet indignus, antedicta reducens ad memoriam et cupiens finem ponere viciis, et moribus disciplinam, occurrit michi quod, ad ociositatem evitandam, secundum ingeniolum à Deo michi datum, aliqua compilarem et ordinarem quæ successoribus legere volentibus proficiant ad solamen et salutem. »

Il annonce ensuite qu’il va publier trois traités :

1o Des malheurs qui ont frappé son monastère, des causes de sa dépopulation, et de son élévation à la dignité d’abbé.

2o Des coutumes qui doivent s’observer dans son monastère,

3o Des guerres entre le roi de France et le comte Guy, et entre les deux rois de France et d’Angleterre.

À la suite du volume, il déclare avoir fait insérer un compte rendu des dépenses et des recettes de l’abbaye pendant son administration.

Ce volume, qui est en effet d’une belle conservation, contient tout ce qui est mentionné, y compris la table des matières de la troisième partie, indiquée aussi par lui. D’où il faudrait conclure que ce serait là le volume original.

La table de la troisième partie indique un prologue et quatre-vingt-dix chapitres, dont le dernier se réfère à l’an 1348 selon la table pascale.

Le premier commence avec le monde.

Ce n’est guère qu’à dater du quarante-cinquième chapitre, qui commence à la mort de Louis-le-Long et au couronnement de Charles son successeur, que ce manuscrit commence à devenir intéressant et neuf.

Le traité 1 contient 18 feuillets écrits sur 2 colonnes.

Le traité 2 contient 13 idem.

Le traité 3 contient 230 idem.

  1. Cette partie du volume est écrite sur trois colonnes.