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BIOGRAPHIE

comte de Hainaut, de Hollande et de Zélande, et son fils Guillaume de Bavière, qui s’escripsent seigneurs de Frise, qui est un grand royaume et puissant, et lesquels y clament avoir droit, et aussi ont fait leurs prédécesseurs ; mais les Frisons ne veulent encheoir en nulle voie de raison, ni connaître, ni venir à obéissance, ni oncques ne firent. » Lors répondit Henry Cristède à celle parole, et dit ainsi : ..........

(T. iii, p. 212.)


« Ainsi vous ai-je conté la manière comment le roi notre sire a en partie, celle année présente, accompli et fourni son voyage en Irlande. Si le mettez en mémoire et retenance, afin que, quand vous serez retourné en votre nation, que vous le puissiez écrire et chroniser avecques vos autres histoires qui descendent de celle matière. » Et je répondis : « Henry, vous parlez loyaument, et ainsi sera-t-il fait. »

Adonc prit-il congé de moi, et moi de lui, et trouvai tantôt le roi Marke, héraut. Si lui demandai : « Marke, dites-moi de quoi Henry Cristède s’arme, car je l’ai trouvé moult courtois et gracieux, et doucement il m’a recordé la manière du voyage que le roi d’Angleterre a fait en Irlande et l’état de ces quatre rois d’Irlande qu’il eut, si comme il dit, en son gouvernement plus de quinze jours. » Et Marke répondit : « Il s’arme d’argent à un chevron de gueules, à trois bésans de gueules, deux dessus le chevron et un dessous. » Et toutes ces choses je mis en mémoire et en escript, car pas ne les voulois oublier.

Tant fus-je en l’hôtel du roi d’Angleterre comme être m’y plut, et non pas toujours en une place, mais en plusieurs, car le roi muoit souvent hôtel et alloit de l’un à l’autre, à Eltem, à Ledes ou à Kinkestone, à Cenes, Cartesée, ou à Windesore, et tout en la marche de Londres…

(T. iii, p. 213.)


Il n’y eut oncques roi en Angleterre qui dépendît autant, à cent mil florins par an pour son hôtel seulement et son état tenir, que fit le roi Richard de Bordeaux. Car moi, Jean Froissart, chanoine et trésorier de Chimay, le vis et considérai, et fus un quart d’an en son hôtel ; et me fit très bonne chère, pour la cause de ce que de ma jeunesse j’avois été clerc et familier au noble roi Édouard, son tayon, et à madame Philippe de Hainaut, roine d’Angleterre, sa taye ; et quand je me départis de lui, ce fut à Windsore. À prendre congé, il me fit par un sien chevalier, lequel on nommoit messire Jean Bouloufre, donner un gobelet d’argent doré d’or, pesant deux marcs largement, et dedans cent nobles, dont je valus mieux depuis tout mon vivant. Et suis moult tenu à prier de lui ; et envis escripsis de sa mort, mais pourtant que j’ai dicté, ordonné et augmenté à mon loyal pouvoir celle histoire, je l’escripsi pour donner connaissance quel chose il devint.

(T. iii, p. 368.)


1400. — Froissart vivait après l’année 1400, ainsi qu’on peut s’en convaincre par ce passage.

« Depuis, ne demeura longs jours que renommée véritable couroit parmi Londres, que Richard de Bordeaux étoit mort. La cause comme ce fut, ni par quelle incidence, je ne le savois au jour que j’escrispsis ces chroniques. »

(T. iii, p. 367.)


Richard mourut en 1400, et le bruit de sa mort tarda quelques mois à se répandre. La dernière phrase de Froissart annonce qu’il s’était écoulé quelque temps entre le bruit de cette mort et le moment où il écrivit cette partie de ses chroniques.

Il vivait encore en 1405, et a même écrit après 1404.


Et en parlai (du voyage qu’il fit en Angleterre en 1394), à mes chers seigneurs qui pour le temps régnoient, monseigneur le duc Aubert de Bavière, comte de Hainaut, de Hollande, de Zélande et sire de Frise, et à monseigneur Guillaume son fils, pour ces jours comte d’Ostrevant.

(T. iii, p. 197.)


L’expression qui pour le temps régnoient annonce qu’ils avaient cessé de régner au moment où il écrivait : or Albert mourut le 13 décembre 1404, et cette année son fils Guillaume, jusques là comte d’Ostrevant, lui succéda.

Il vivait encore en 1408.

Et aussi fut pape Benedict, que les François, de grand’volonté a voient mis sus et soutenu, en ce temps déposé[1].

(T. iii, p. 360.)


  1. Benoît ne fut déposé définitivement que le 25 mai 1409.