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Méliador

Et quant li rois qui l’amoit si,
Que riens fors que sa fille amoit,
1855 Plorer et en genous le voit,
Si se leva apertement
Et le baisa moult doucement,
En disant : « Que vous fault, ma fille,
« Volés vous tous jours estre cille
1860 « Qui se tenra a marier ?
« Dittes de quoi volés parler,
« Je vous orai tres volentiers. »
— « Monsigneur, il m’est bien mestiers
« Et que vous y soiiés pour mi,
1865 « Car je n’ai ou monde aultre ami
« Que vous, ne nul je n’en desire. f. 15 a
« Et puis qu’il le me couvient dire,
« J’ai voé, puis .ii. ans en ça,
« Que ja mari mes corps n’ara,
1870 « Quel qu’il soit, ne de quel arroi,
« Filz de duch, de conte ou de roy,
« S’il ne le vault, sans entredeus,
« Qu’il soit des aultres li plus preus. »
— « Li plus preus ! » li rois respondi.
1875 — « Voires, monsigneur, ce vous di.
« Je ne l’arai par aultre voie ;
« Ançois en ce point demorroie
« Tout mon vivant. Nulz n’en parole. »
Dont reprist li rois la parolle
1880 Et dist : « Ma belle fille, voir
« Ce seroit moult fort a savoir
« De trouver le plus preu qui soit ;
« Ne sai ou on le trouveroit.
« Et qui tout tel l’aroit trouvé,
1885 « Que de grant proece esprouvé,
« Espoir, est il loiiés aillours.
« Dont, ma fille, c’est grans folours,
« Ce samble il, a mon couvenant,