Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/311

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dessiné d’entêtement et d’obstination dans une idée fixe. Elle parlait de moins en moins ; ses yeux, qui n’interrogeaient presque plus, pour éviter plus que jamais de répondre, semblaient avoir replié la seule flamme un peu vivante qui les mêlait à la pensée des autres.

« Je ne suis pas contente de la santé de Julie, m’avait dit Madeleine bien souvent. Elle est décidément mal portante, et d’un caractère à se déplaire partout, même avec ceux qu’elle aime le plus. Dieu sait pourtant que ce n’est pas la force de s’attacher aux gens qui lui manque ! »

À une autre époque, Madeleine ne m’aurait certainement pas parlé de sa sœur en de pareils termes. De plus, cette idée de tendresse excessive et ces qualités affectueuses mises en relief par Madeleine ne s’accordaient pas très-bien avec la froideur des enveloppes qui rendaient les abords de Julie si glacés.

J’en étais là de mes conjectures quand plusieurs incidents que je ne vous dis pas m’ouvrirent tout à fait les yeux. La démarche dont me chargeait Olivier avait donc pour moi la signification la plus grave, bien qu’il ne m’en eût révélé que la moitié, comme on fait avec un agent diplomatique qu’on ne veut pas mettre à fond dans ses secrets. Je