Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/361

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

absolument comme j’avais résolu d’y venir, sans autre réflexion ni calcul. À minuit, il y avait encore de la lumière dans la chambre de Madeleine. Un massif d’érables plantés près du château et directement en face de ses fenêtres recevait un reflet rougissant qui toutes les nuits m’apprenait à quelle heure Madeleine achevait sa veillée. Le plus souvent, c’était fort tard. Une heure après minuit, le reflet paraissait encore. Je pris une chaussure légère et je descendis l’escalier à tâtons. J’allai ainsi jusqu’à la porte de l’appartement de Madeleine, situé à l’opposé de celui de Julie, à l’extrémité d’un interminable corridor. Une seule femme de chambre couchait auprès d’elle en l’absence de son mari. J’écoutai : je crus entendre une ou deux fois résonner sèchement une petite toux nerveuse assez habituelle à Madeleine dans ses moments de dépit ou de vive contrariété. Je posai la main sur la serrure ; la clef y était. Je m’éloignai, je revins, et je m’éloignai de nouveau. Mon cœur battait à se rompre. J’étais littéralement hébété, et je tremblais de tous mes membres. Je rôdai quelque temps encore dans le corridor, en pleines ténèbres ; puis je restai cloué sur place sans aucune idée de ce que j’allais faire. Le même soubresaut qui m’avait un beau jour,