Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/90

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quoique une pareille composition vous classe à un bon rang dans une seconde de force moyenne. Annibal exprime trop de regrets ; il n’a pas assez de confiance dans le peuple qui l’attend en armes de l’autre côté de la mer. Il devinait Zama, direz-vous ; mais s’il a perdu Zama, ce n’est pas sa faute. Il l’aurait gagnée, s’il avait eu le soleil à dos. D’ailleurs, après Zama, il lui restait Antiochus. Après la trahison d’Antiochus, il avait le poison. Rien n’est perdu pour un homme tant qu’il n’a pas dit son dernier mot. »

Il tenait à la main une lettre tout ouverte qu’il venait à la minute même de recevoir de Paris. Il était plus animé que de coutume ; une certaine excitation forte, joyeuse et résolue éclairait ses yeux, dont le regard était toujours très-direct, mais qui s’illuminaient peu d’habitude

« Mon cher Dominique, reprit-il en faisant avec moi quelques pas sur la terrasse, j’ai une bonne nouvelle à vous annoncer, une nouvelle qui vous fera plaisir, car je sais l’amitié que vous avez pour moi. Le jour où vous entrerez au collége, je partirai pour Paris. Il y a longtemps que je m’y prépare. Tout est prêt aujourd’hui pour assurer la vie que je dois y mener. J’y suis attendu. En voici la preuve. »