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Page:Fulbert-Dumonteil - Portraits zoologiques.pdf/293

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LA LOUTRE.

le retourne, le lave avec soin et l’avale délicatement, comme un gourmet engloutit une crêpe.

La Loutre d’Amérique diffère peu de celle de nos climats. La Loutre noire de Pondichéry est admirablement dressée par l’Indien, qui s’en sert pour la pêche comme nous employons le chien pour la chasse.

Au Kamtchatka, se trouve la Loutre de mer, qui plonge dans la neige comme dans l’eau glacée. Sa fourrure, d’une finesse et d’un éclat merveilleux, la plus belle et la plus recherchée peut-être qui existe, est l’objet d’un commerce important entre la Chine et la Russie.

L’Homme a toujours préféré la dépouille de la Loutre à son amitié. Pour forcer le gibier, il possède d’innombrables espèces de chiens ; pour prendre le poisson, il n’a qu’un chien de pêche : la Loutre. Qu’importe ? Au lieu de se l’attacher, il la persécute ; au lieu de la dresser, il la tue.

Jadis la Loutre occupait une place brillante dans la vénerie ; on la chassait avec un certain apparat, comme si sa peau eût été ennoblie par le gilet de Charlemagne et le bonnet de Pierre le Grand.

On a supprimé la pompe, mais la persécution subsiste. On chasse la Loutre, on la traque, on l’affûte, on la prend au piége.

En Angleterre, il existe des meutes spéciales consacrées à cette chasse impie. On dresse et l’on emploie le Chien à Loutre, espèce de griffon, nageur du premier ordre.

Chasse émouvante et pittoresque, mais bien triste.

Le champ de bataille est une rivière, et ils sont vingt contre une. Longtemps la Loutre a résisté aux assauts de la meute avide, se faufilant à travers ses ennemis, plongeant, glis-