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souvenirs d’une actrice.

qu’on appréhende ; tout le zèle se calme dès que la vie est assurée, et cependant il est des jugements qui sont plus cruels que la mort, car ils flétrissent ou brisent l’existence : celui-là était du nombre. Quant à Pichegru, il fut livré par un misérable dans lequel il avait mis sa confiance ; il a dû changer de nom, car on n’en a jamais entendu parler depuis ; il n’aurait pu reparaître sans inspirer l’horreur qu’on éprouve pour un dénonciateur.

On sait quelle fut la fin de Pichegru : on le trouva étranglé dans sa prison. Plusieurs versions ont été faites à ce sujet. Quant à Georges Cadoudal, on ne parlait que de la manière adroite dont il s’était soustrait aux recherches pendant si long-temps, des différents travestissements qu’il avait employés ; de ses réponses au tribunal, qui étaient parfois si comiques ; de l’indignation qu’il témoignait au nom d’assassin.

« Je suis un conspirateur, disait-il, mais non un vil assassin. J’ai pu maintes et maintes fois tuer votre empereur ; je voulais le combattre et non le frapper en lâche. »