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souvenirs d’une actrice.

— Oh ! monsieur, j’aurai beaucoup de respect pour votre herbier ; j’herborise quelquefois.

— Comment, madame, vous vous occupez des fleurs ! Nous herboriserons ensemble ; cela me réussira peut-être mieux que le chant.

— Je le crois, lui dis-je en riant ; et c’est alors moi qui vous demanderai des conseils : nous changerons de rôle.

C’est depuis ce temps, en effet, que cette occupation m’a tant intéressée et m’a fait une heureuse distraction dans nos jours de malheur.

Je ne me doutais guère que cet homme, qui m’avait fait une si burlesque impression au premier abord, serait plus tard un de mes amis les plus intimes, et dont le souvenir me sera toujours cher. Je n’attendis pas si long-temps pour apprécier ses qualités aimables et solides. Lorsqu’il fut arrêté en 93, ce fut par un singulier moyen que je pus l’avertir de ce qui l’intéressait.

La marquise de Chambonas était le type des petites maîtresses. Il existait alors parmi les femmes du grand monde, du monde élégant, un instinct de