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souvenirs d’une actrice.

coquetterie, bien autre que celui d’aujourd’hui, les choses étaient moins sérieuses, le siècle plus frivole, on faisait du plaisir sa principale affaire. Les femmes s’occupaient peu de littérature ; tout se concentrait chez elles dans un insatiable désir de plaire, de briller, d’éclipser une rivale par sa beauté, son élégance. On mettait son ambition à faire parler de son bon goût, d’une toilette que personne n’avait encore vue, et que l’on se hâtait de quitter aussitôt qu’elle avait été adoptée par d’autres. On aimait les lettres, la musique par ton, on protégeait les arts sans y attacher d’autre importance que celle de la mode ; on les effleurait pour soi-même. Il entrait dans l’éducation d’une demoiselle du grand monde d’apprendre le piano, la harpe, le dessin ; mais une fois mariée, on ne s’en occupait plus. Une femme jolie pensait, ainsi que la chansonnette de ce bon M.  Delrieu, que

Dès l’instant qu’on plaît on sait tout.

L’art de la coquetterie se portait essentiellement sur l’arrangement des draperies, sur le choix des