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souvenirs d’une actrice.

un grand intérêt. Lorsqu’on voyait une beauté du jour avec un long peignoir de mousseline garni de dentelle et tombant sur des petits pieds chaussés de pantoufles piquées ou fourrées ; une grande baigneuse sous laquelle les cheveux relevés avec un peigne et couverts d’une demi poudre laissaient échapper quelques boucles de côté ; de longues manches fermées au poignet par un ruban ; un fichu noué de même ; un petit mantelet blanc ouaté ; un capuchon ou une calèche : tout cet arrangement qui avait un cachet particulier, ne pouvait désigner qu’une jolie femme indisposée. Aussi ne s’y trompait-on pas : on accourait près de la charmante malade, qui oubliait bientôt son air dolent au récit de mille folies dont on cherchait à la distraire. Elle était toujours accompagnée d’une amie, ou d’une dame de compagnie qui n’était jamais trop jolie. On ne la quittait qu’après l’avoir remise dans sa voiture et lui avoir fait promettre de venir le soir dans sa loge grillée, à l’Opéra ou à la Comédie-Française, dans ce charmant négligé de malade qui lui allait à ravir, et auquel elle ne manquait pas ce-