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souvenirs d’une actrice.

plaisir le soir, il en jouissait comme un homme qui a besoin de distraire son esprit d’une application fatigante ; mais aussi il ne fallait pas s’aviser de venir l’interrompre dans ses graves occupations, pour lui demander un ouvrage, pour mener quelques dames au cabinet des antiques, à une heure inaccoutumée.

Il me fit un matin cette réponse laconique : « L’on voit le cabinet des antiques à jour fixe ; quant à moi, l’on peut me voir tous les jours, mais il faut prendre mieux son temps. »

M. Millin était un ami dévoué et d’excellent conseil ; je lui dois beaucoup, car il m’a donné l’amour de l’étude. Ce plaisir survit à la jeunesse, il empêche de s’apercevoir de la marche du temps, fait supporter la mauvaise fortune et rend philosophe sans qu’on s’en doute. Lorsqu’on vit dans le souvenir du passé en s’occupant du présent, on rêve un avenir meilleur, qu’on ne verra peut-être pas, mais il semble qu’un génie bienfaisant vous le montre dans le lointain ; la vie se termine en rêvant ainsi.

En 1790, la littérature, les arts, les modes, tout