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souvenirs d’une actrice.

avec une adresse qui faisait l’admiration des belles, n’en avaient pas moins de valeur au jour du danger, et le jeune d’Assas, ce Décius français, qui sous le feu et les baïonnettes, cria : « À moi Auvergne, voilà l’ennemi ! » était probablement un charmant élégant de salon.

Je revis M. Millin chez Julie Talma, à laquelle il n’avait pas manqué de raconter son peu de succès auprès de moi dans le genre lyrique, à la fête de la marquise de Chambonas. M. Millin était un homme d’un commerce agréable, savant sans pédanterie, d’une activité inconcevable, faisant marcher ensemble des habitudes de société et son travail d’antiquaire du cabinet des médailles à la Bibliothèque-Royale, dont il était conservateur ; ses cours de botanique, d’antiquités, d’histoire naturelle, ses recherches sur les manuscrits et son Magasin encyclopédique. Son aimable caractère, sa gaîté inépuisable, le faisaient rechercher des jeunes femmes, parce qu’il les amusait[1]. Tout au travail le matin, tout au

  1. J’ai vu cet étonnement que madame la duchesse d’Abrantès qui cite M. Millin comme un homme de sa société intime, ne lui fasse jamais dire que des choses insignifiantes.