Page:Fusil - Souvenirs d’une actrice.djvu/178

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« Mais surtout n’oublions jamais
« Que chacun d’eux est notre frère :
« La voix du sang chez les Français
« Doit-elle un seul instant se taire ?
« Loin d’avoir un cruel plaisir
« À les voir se troubler et craindre,
« Pour parvenir à les guérir,
« Il faut nous borner à les plaindre.

« Je veux vous conter une singulière scène qui est arrivée au théâtre du Palais-Royal[1] le jour où Mirabeau y a amené les Fédérés Marseillais, pour lesquels il avait demandé Gaston et Bayard. Ils étaient en grand nombre, et la salle était tellement remplie, qu’on avait été obligé d’en placer une partie sur le théâtre de manière à ne pas gêner la scène. La plupart d’entre eux ne se doutaient pas de ce que c’était qu’une représentation théâtrale, et n’y avaient jamais assisté. Aussi portaient-ils une grande attention à la pièce. Bayard était joué par un nommé Valois, acteur de province, qui n’était pas sans mérite[2].

  1. C’est le premier nom du théâtre de la rue de Richelieu.
  2. Valois était du nombre des acteurs de province que l’on avait fait venir à l’ouverture du théâtre, avant que la séparation des acteurs du faubourg Saint-Germain y eût appelé Talma. Valois avait du talent : aussi ne voulut-il pas rester en double et retourna-t-il en province.