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souvenirs d’une actrice.

« Je vous entends d’ici dire : Eh bien ! ne va-t-elle pas se passionner aussi ? Ne craignez rien, cela n’ira pas jusque-là, mais j’ai un plaisir infini à causer avec lui. Je m’en étais fait une toute autre idée. Je n’avais pas eu l’occasion de le voir chez Julie Talma. Depuis qu’il est enfoncé dans la politique et qu’il est devenu un célèbre orateur, il ne va guère dans le monde. Julie va chez lui ; elle en parle toujours avec un grand enthousiasme ; il demeure dans sa maison de la rue Caumartin[1].

« Voici les couplets que j’ai chantés à cette fête donnée chez Mirabeau ; ils sont du Cousin Jacques :

« Tous ces Français que loin de nous
« L’espérance retient encore[2]
« Ils n’ont pas vu d’un jour si doux
« Briller la bienfaisante aurore,
« Pareils à ceux que le ciel fit
« Habitants d’un autre hémisphère,
« Ils sont au milieu de la nuit
« Quand le plein midi nous éclaire.

  1. C’est dans cette maison qu’il est mort. Je m’étonne qu’un grand souvenir ne se soit pas attaché à cette habitation. La maison où meurt un homme célèbre vaut bien une de ces ruines que l’on va chercher si loin.
  2. On sait qu’à cette époque les princes et beaucoup de personnes de la cour étaient sortis de France.