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souvenirs d’une actrice.

si abondamment pourvue. Elle a compris qu’une princesse n’exprime pas ses sentiments par des cris de rage et des hoquets fatigants pour le spectateur ; qu’il n’y a que les passions fortes, comme la jalousie, l’ambition déçue, qui puissent entraîner quelquefois hors des bornes, des femmes d’un rang illustre. Si l’on examine avec attention les caractères tracés par nos grands maîtres, on verra que ces élans de l’âme sont presque toujours réprimés par la fierté, par la crainte, par la dissimulation de la politique. L’amour maternel est le seul qui ne connaisse point de bornes.

Aussi barbare époux qu’impitoyable père,
Venez, si vous l’osez, l’arracher à sa mère.

C’est ainsi que doit parler Clytemnestre ; mais ce n’est qu’après une scène d’ironie, si parfaitement rendue par mademoiselle Rachel qu’Hermione cède aux transports d’un amour méprisé. C’est avec modération qu’Agrippine reproche à Néron son ingratitude, et Cléopâtre nous dit d’une manière concentrée dans Rodogune :