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souvenirs d’une actrice.

Serments fallacieux, salutaire contrainte,
Que m’imposa la force et que dicta la crainte.

C’est par cette simplicité noble que Monvel était admirable, et ce sont ses conseils et son exemple qui ont amené Talma à suivre ses traces ; il en convenait souvent lui-même.

Dans la nomenclature des acteurs que j’ai vus se succéder, Monvel devait être le premier qui s’offrit à moi ; il a laissé une réputation assez brillante pour croire qu’il n’y ait plus rien à en dire ; mais tous les détails intérieurs de la vie d’un grand artiste sont toujours intéressants à connaître lorsqu’ils tiennent surtout à son art. Je me fais gloire d’avoir retenu ses préceptes, car il a quelquefois abaissé avec moi la dignité de son genre pour me guider dans les jolis opéras dont il était l’auteur. Il démontrait et ne montrait pas ; la multiplicité des gestes, me disait-il, nuit au jeu de la physionomie. Le regard a bien plus d’expression, lorsqu’il n’est pas accompagné d’un geste inutile qui en détruit l’effet. Et il me citait mademoiselle Sainval dans la scène d’Émilie avec Cinna, lorsqu’on lui nomme ceux des leurs qui sont man-