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souvenirs d’une actrice.

phatique. Lorsque je l’ai vue, elle jouait en représentation ; il ne lui restait plus que des éclairs de ce talent, souvent admirable à la vérité, mais accompagné de tous les ridicules qui peuvent exciter l’hilarité des jeunes gens qui ne prennent pas la peine de rien voir au-delà. Elle était tellement facile à contrefaire, que nous nous donnions volontiers ce plaisir.

Mademoiselle Sainval était laide ; elle avait une si grande conviction de sa laideur, que son geste le plus habituel semblait toujours vouloir lui cacher le visage ; elle avançait le bras à la hauteur de la figure, comme on le fait lorsque les rayons du soleil vous fatiguent les yeux. Elle avait souvent des transitions spontanées qui entraînaient les applaudissements et qui n’appartenaient qu’à elle, car les autres actrices ne s’en étaient pas même doutées et ne pouvaient concevoir qu’un mot produisit un tel enthousiasme ; mais ce mot était préparé par un silence, par un coup-d’œil, un jeu de physionomie, et c’était admirable. Malheureusement elle reprenait bientôt sa diction ampoulée et son ton décla-